Sexe & sexes

L’autre jour, je discutais avec Monsieur d’une rencontre horizontale récente et quelque peu décevante, à mon avis. Je tiens à préciser tout de suite que mon avis est important, pour moi d’abord, mais aussi pour vous. Ne me contredites pas ! Je suis la moitié de la décision, au moins, de recommencer, que ce soit par indulgence et « peut mieux faire », que pour vérifier que « wouahou ! oh lala oui ! »

« Mais c’est-à-dire, décevant ? » « Bah… On en avait vraiment très envie tous les deux, je crois, et du coup j’ai pas eu le temps d’en profiter… alors j’avais envie de recommencer ! » Aborder ce sujet avec un homme, même avec délicatesse, en trouvant des excuses à l’amant hâtif, c’est s’exposer quasi inévitablement au laïus sur sa vie sexuelle à lui…
Vous verrez qu’avec Monsieur, il y a une composante à ces conversations assez particulière : il part très vite dans des considérations sociologiques. En l’occurrence, il m’explique qu’il est frappé par la volonté de jouir des meufs, de nos jours. Il semblerait qu’avant, on réclamait des préliminaires, des caresses à n’en plus finir et que si, finalement, par hasard, on n’avait pas d’orgasme, on n’en faisait pas toute une histoire. Les garçons qu’ils étaient ont eu un mal fou à se faire à ce rythme langoureux. Et voilà qu’à la trentaine, la femme veut tirer son coup, sait s’y prendre, atteint l’orgasme et s’endort, repue. Tous ces efforts pour rien, donc, car la femme est devenue un homme comme les autres. Apparemment, je ne fais pas exception à la règle. J’avais mis un terme aux caresses pour ne pas jouir avant la pénétration, mais j’aurais voulu jouir quand même. À mon avis, on en a surtout marre de se faire avoir (mais on se fait avoir quand même).

Je clos cette intéressante conversation par un rassurant : « Je dois être trop habituée aux peine-à-jouir » et on se régale de cette expression délicieuse.

Moi, je pense au Russe.

Le Russe peut te faire l’amour TOUTE LA NUIT. Sans blague : machine de guerre.
Alors bon, évidemment, t’es trempée de sueur (la sienne), tu as des brûlures au troisième degré à des endroits inavouables et tes voisins te supplient de vivre dans une chambre capitonnée, mais je trouve ça génial, vu que j’ai été un petit peu frustrée par mes trois dernières années de couple où le sexe, c’était compliqué. Là, je profite, je me détends, il y a profusion, je crois que j’ai découvert la source du bonheur charnel…

Sauf que le bonheur, il est meilleur partagé. Une nuit, deux nuit, on se réjouit. Mais quand ça dure, ça devient un sujet de conversation. Un vieil ami me confirme que ça arrive, notamment si l’homme n’a pas pris de femme depuis longtemps. Comme s’il ne trouvait plus le chemin. La pression est forte, sur nos amis de sexe masculin : il faut tenir, résister, endiguer. Satisfaire. Alors, parfois, se lâcher…
Je découvre qu’on peut manquer cruellement de la jouissance de l’autre, même quand cet autre est un homme. Cette jouissance qui met pourtant fin aux réjouissances. Je finis par être obligée de sortir mon drapeau blanc, de me rendre, je n’en peux plus. Je demande l’armistice. Je veux dormir, je veux lire, je veux n’importe quoi mais arrêter de baiser. C’est trop bon… C’est trop long !