C’est ainsi que tout (re)commença

C’était une belle soirée d’été.

En photo du moins. Parce qu’avec le son, ça partait en sucette avec mon homme, en fait.

Je l’avais rencontré pendant une soirée trois ans plus tôt, presque jour pour jour. À l’époque, je clamais que le couple, ça ne marchait pas, comme si j’étais la seule à m’être rendue compte qu’il y avait une couille avec le concept d’amour-toujours et de fidélité jusqu’à ce que la mort nous sépare, et qu’il fallait de toute urgence que je prévienne les autres du danger.

Mais j’avais envie d’y croire, et c’est dans ces cas-là que c’est le plus dangereux, à mon avis. J’étais tellement à la masse qu’au matin, après avoir dormi 3h collée à lui sur une banquette en bois, j’avais prétexté ne pas avoir de capote pour refuser « poliment » de coucher avec lui. C’est bien connu, dire « non, merci », ce n’est pas très urbain. En même temps, quel mec se ballade avec ZÉRO PRÉSERVATIF ?? En tout cas, ce n’était pas vraiment dans mes habitudes, ni de mentir ni de me refuser, surtout à un beau mec, et surtout après deux semaines de solitude extrême à me bronzer nue dans une maison à la campagne. Je ne sais pas exactement ce qui m’a pris, mais j’ai quelques pistes. D’abord, je croyais que c’était un baiseur, et je ne les aime pas trop. J’aime pas beaucoup l’idée de finir sur une liste, mais alors être l’oubliée de la liste..! Et qui dit baiseur, dit risque exponentiel de maladies, or les miennes, de capotes, étaient dans une autre pièce. La flemme internationale.

Ce soir-là, donc, je lui dis : « la beauté est dans l’oeil de celui qui regarde… Et j’aimerais que tu me trouves belle, mais tu ne me regardes pas ! »
J’aurais pu ajouter qu’il ne me désirait que quand j’étais dans une autre pièce, mais ça virait au sordide. On avait toujours eu un léger souci de ce côté-là, du désir et du corps-à-corps. Déjà que vivre à deux, c’est compliqué, c’est plein de questions et de petits tracas enquiquinants, mais alors vivre avec un beau mec qui a envie de faire l’amour tous les quinze jours… Ma vision de l’enfer.

Sa réponse a sonné le glas de notre relation : « Je ne vais quand même pas te mentir. Je ne te trouve pas très belle. »

J’ai explosé de rire et de larmes. Alors, il a ajouté : « Mais tu as un joli corps, hein ! » Ça m’a rappelé ces mecs, assis en terrasse d’un café, qui commentent, à voix forte pour être sûr d’être entendu de leur cible, la morphologie des passantes. Chaque fois, ça me donne envie de hurler : mais putain, quand est-ce que vous allez vous rendre compte qu’on n’est pas des objets dans une vitrine ?! On a des oreilles, des yeux et un fucking coeur qui bat. MERDE.
J’ai pas attendu qu’on rentre dans les détails de quelles parties de mon corps étaient vraiment bonnes. Mon tout premier amoureux, quinze ans plus tôt, m’avait expliqué pendant une partie de ping-pong (magie de l’adolescence) que mes fesses étaient « presque parfaites », mais (joignant le geste à la parole), qu' »elles auraient dû être un petit peu plus comme ça, que comme ceci. » C’est cela oui… Je me demande pourquoi je n’ai jamais pensé à dire à un mec : « tes pectoraux, ça va… Mais l’abdo qui est là… Franchement… Y a du boulot un peu, non ? »

Bref. S’apercevoir qu’on vit avec un con, ça vous flingue une soirée.

Quelques jours plus tard, mes cartons étaient faits et j’étais partie pour de nouvelles aventures, qui n’allaient pas se faire attendre…